Association de Sauvegarde du

CHATEAU DE GAVRAY

La guerre contre les Navarrais 1356 - 1380

 


L’incarcération de Charles le Mauvais accroit sa popularité et ses partisans réclament sa liberté. La Normandie gronde, de nombreux barons renient l’hommage prêté au roi et se tournent vers le roi d’Angleterre, Edouard III.
Ils considèrent que Jean le Bon a outrepassé ses droits en arrêtant un prince avec lequel il avait, pourtant, signé la paix. Les Navarrais perçoivent ce geste comme venant d’un roi qui doute de sa légitimité et qui cherche à éliminer un concurrent dont le seul tort est de défendre ses droits.
1356 – Le 28 mai, Philippe de Navarre, frère de Charles, envoie son défi à Jean le Bon. Les Navarrais, en particulier les seigneurs normands, passent en bloc du côté d’Edouard III.
En juin, Philippe et Geoffroy d’Harcourt, fils de Jean, reçoivent des renforts anglais, Henry de Grosmont, duc de Lancastre, débarque dans le Cotentin et fait jonction avec Robert Knowles venu de Bretagne. Lancastre établit son camp à Montebourg près de Valognes, puis contourne Evreux (pris par les français) et pille Vernon et les faubourgs de Rouen.
Le 8 juillet, Jean le Bon le rattrape à l’Aigle avec une armée plus nombreuse mais fatiguée, le combat est remis au lendemain. Pendant la nuit les Anglais fuient, Jean met alors le siège devant Breteuil qu’il prend après un long siège.
Le 18 juillet, Geoffroy d’Harcourt, afin de venger son neveu, Jean V d’Harcourt, s’allie à nouveau avec Edouard III dont il fait par une charte, le légataire universel de sa forteresse de Saint-Sauveur (Cotentin).
Le 19 septembre, à  Nouaillé-Maupertuis près de Poitiers, les troupes françaises, sous les ordres de Jean le Bon sont battues par les troupes anglaises commandées par le prince de Galles, surnommé le Prince noir, fils d’Edouard III. Au cours de cette bataille, le prince Philippe, âgé de 14 ans, prononce le fameux « Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche » en tentant de protéger son père. Jean refuse de quitter le champ de bataille où il se bat héroïquement et où il finit par être fait prisonnier.
La supériorité tactique conférée par l’arc long, utilisé par les Anglais, oblige la cavalerie française, dont les montures ne sont pas protégées, à charger à pied et s’expose à être balayé par la cavalerie anglaise.
En novembre, encerclé par les troupes françaises au gué de Saint-Clément, dans la baie des Veys, Geoffroy d’Harcourt vend chèrement sa peau en se battant jusqu’à la mort.

  Portrait d’Henry de Grosmont, duc de Lancastre 
 

 

Le royaume entre dans une période de turbulences. Le dauphin, Charles, duc de Normandie, tente d’en reprendre le contrôle. Il doit composer avec le parti réformateur mené, par Etienne Marcel et Robert Le Coq, qui entend instaurer une monarchie contrôlée. Le duc de Normandie, nommé lieutenant du royaume, se révèle plus coriace que prévu. Etienne Marcel organise l’évasion de Charles de Navarre qui fait un retour triomphal à Paris.
Etienne Marcel utilisant l’émotion provoquée  par l’annonce des conditions de sa libération, conditions négociées par Jean le Bon, qui se traduisent par la perte d’un tiers du royaume et une rançon de 4 000 000 écus, déclenche une insurrection, envahit le Palais de la Cité,  fait exécuter les maréchaux de Normandie et de Champagne sous les yeux du duc de Normandie qui, quitte Paris et rallie la noblesse outrée de ces deux assassinats. Ils encerclent à nouveau Paris, mais des jacqueries éclatent et s’allient à Etienne Marcel.
Cette guerre civile oblige à relever les châteaux et les remparts construits du temps des ducs de Normandie. Les paysans abandonnent leurs terres, devant les exactions des soldats qui vivent sur le pays, fuient dans les bois ou dans les villes fortifiées. Les Anglo-Navarrais s’emparent de plusieurs châteaux et places-fortes au bord de la Seine et contrôle ainsi le fleuve. Autour de Caen, ils installent le blocus de la ville en créant des villages. Rouen et Caen doivent organiser une milice urbaine chargée d’assiéger les forteresses et contrôler les voies de communication.

Gravure exécution d’Etienne Marcel  

 

La situation s’améliore sous le règne de Charles V (1364-1380), le nouveau roi de France ramène une paix provisoire grâce à l’action de son connétable Bertrand Du Guesclin, comte de Longueville, noble breton né au château de la Motte-Broons près de Dinan, surnommé « le Dogue Noir de Brocéliande »

1364 – Le 16 mai, les Navarrais sont les ordres du Captal de Buch, Jean de Grailly, sont défaits à la bataille de Cocherel (Eure) par l’armée du roi de France commandée par Bertrand Du Guesclin.
1367 – Charles V commande des agrandissements du Palais du Louvre.
1377 – Edouard III et son fils le Prince Noir décèdent, Richard II, fils du Prince Noir, âgé de 10 ans leur succède.
1378 – Charles le Mauvais, possesseur du Cotentin, avec le soutien des barons normands, signe un accord avec les Anglais et met à leur disposition le port de Cherbourg.
Parallèlement, un de ses chambellans, Jacques de Rue, se rendant à Paris est arrêté porteur d’un accord secret entre Charles le Mauvais et les Anglais et d’un complot visant à empoisonner Charles V. La trahison et la tentative de régicide sont établies, Charles V ordonne à Bertrand Du Guesclin d’attaquer conjointement les places Navarraises. Conches, Carentan, Mortain, Avranches, Gavray se rendent ainsi que Bernay défendue par le secrétaire de Charles le Mauvais, Pierre du Tertre.
En juin, Jacques de Rue et Pierre du Tertre sont condamnés à mort pour haute trahison, leurs têtes exposées au gibet de Monfaucon et leurs membres jetés en huit points de Paris.
1379 – Charles le Mauvais dépossédé totalement de ses possessions normandes se replie en Navarre.
1380 – Le nord du Cotentin, dont Cherbourg, reste seul aux mains des anglais.
Le 16 septembre, Charles VI, fils de Charles V et Jeanne de Bourbon succède à son père, à l’âge de 12 ans.

 
  Statue de Bertrand Du Guesclin à Dinan

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